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Séniors

On se muscle les méninges !

Si les fonctions intellectuelles peuvent décliner avec l’âge, on sait aujourd’hui que le cerveau possède les moyens de contourner ce déclin et de le surmonter… pour peu d’adopter la tactique ad hoc ! Les conseils experts du Dr Olivier de Ladoucette*, psychogériatre spécialiste du « bien vieillir ».

*Président de la Fondation Ifrad pour la recherche sur la maladie d'Alzheimer.

À l’instar des pièces mécaniques d’une voiture, nos différents organes ne vieillissent pas à la même vitesse. L’oeil commence à montrer des signes de faiblesse entre 40 et 50 ans avec l’apparition de la presbytie. Moins systématique, la presbyacousie apparaît plus tard, à la soixantaine. Mais qu’en est-il de nos fonctions intellectuelles ? Une équipe de l’Inserm vient de démontrer que, en dehors de toute maladie, des fonctions comme la capacité à raisonner ou à comprendre peuvent commencer à décliner dès 45 ans chez la femme comme chez l’homme. En revanche, le domaine du vocabulaire résiste bien mieux à l’avancée en âge.

Faire confiance aux ressources de son cerveau...

« Il faut distinguer l’intelligence cristallisée et l’intelligence fluide, explique le Dr Olivier de Ladoucette. L’intelligence cristallisée repose sur l’apprentissage et donc sur la mémoire, la culture générale, le vocabulaire. Elle se maintient très longtemps. L’intelligence fluide repose sur la rapidité et la flexibilité mentales. C’est la capacité à manier les concepts, à raisonner. Elle peut décliner un peu au fil des ans et elle décline plus tôt que l’intelligence cristallisée, dès 45 ans en effet. » Conséquence de cette évolution à deux vitesses ? « Si vous voulez être mathématicien, mieux vaut faire carrière entre 20 et 45 ans, s’amuse le Dr de Ladoucette. Si vous voulez être philosophe, vous pouvez faire carrière entre 40 et 80 ans. » De quoi susciter des vocations tardives ! Autre excellente nouvelle pour les seniors, le déclin d’une forme d’intelligence (fluide) peut être compensé par l’autre (cristallisée). Ce phénomène de compensation repose sur l’existence d’une véritable plasticité du cerveau. On sait aujourd’hui que le réseau de connections entre les neurones peut se modifier pour pallier un déficit, par exemple lié à l’âge. Pour y parvenir, il faut entretenir ses capacités intellectuelles, comme on entretient ses capacités physiques. « Lutter contre la sédentarité physique et intellectuelle protège contre le vieillissement, confirme le Dr de Ladoucette. Le cerveau a besoin d’être stimulé en permanence pour réparer les circuits qui s’altèrent. La plasticité neuronale (mécanismes par lesquels le cerveau est capable de se modifier par l’expérience) ne fonctionne que si le cerveau reste stimulé. »

Et s'entraîner !

Pour ce faire, il faut opter pour des loisirs intellectuels qui développent les capacités d’adaptation. « Toute activité qui confronte à des situations nouvelles et oblige à trouver des solutions est bonne à pratiquer », garantit le Dr de Ladoucette. Voyager, s’occuper de ses petits-enfants, lire ou dessiner, mais aussi bricoler ou coudre, tout est bon à condition de ne pas rester « monovalent ». 
Une championne de Sudoku, activité qui développe la mémoire des chiffres, a tout intérêt à s’inscrire aussi à un club de bridge ou de tarot. Il faut d’ailleurs s’efforcer de privilégier les activités qui mettent en contact avec les autres. « Tout ce qui permet de lutter contre la solitude et développe les aptitudes sociales est bon pour le bien-être, mais aussi pour la longévité, signale le Dr de Ladoucette. Les personnes qui ont des réseaux sociaux denses, même si elles mènent une vie de patachon, vivent plus longtemps que les personnes totalement isolées à l’hygiène de vie irréprochable. » 

Les bonnes astuces pour entretenir vos neurones

  • Cultivez votre curiosité intellectuelle en lisant

Lire constitue l’activité cérébrale par excellence. Elle fait travailler vos neurones et améliore vos performances. Faites des mots croisés, jouez au scrabble, aux échecs ou à tout autre jeu de logique. Des programmes d’entraînement cérébraux simples sont également disponibles sur les consoles de jeux. Encore un peu cher, leurs succès devraient prochainement réduire leur prix.
 

  • Ne négligez pas votre alimentation

Un apport glucidique régulier via les sucres lents, une alimentation saine, équilibrée riche en anti oxydants neuronaux (oméga 3, vitamines A, C, E que l’on trouve notamment dans les les oranges, carottes, persil…) jouent un rôle décisif dans l’alimentation du cerveau et aident à lutter contre son vieillissement.
 

  • Faites travailler votre mémoire au maximum

Rappelez-vous les événements de la journée ou de la veille, les personnes rencontrées, les observations visuelles, vos lectures ou le dernier film que vous ayez vu. Il est conseillé de répéter souvent l’exercice pour ancrer les faits dans la mémoire. Mémorisez toutes les données : la liste de courses avant de partir au supermarché ou les rendez-vous de la journée par exemple.